L'âme, anima disaient les Latins, c'est le souffle divin. Tous les arbres sont-ils animés ? Non sans doute, mais le berger fait déplacer son troupeau. Qui pouvait connaître les possibilités qu'avait Sylvebarbe d'émouvoir la sylve même ? Or voilà que les arbres déploient leurs branchages en d'inquiétants lacis. On s'est ri, parfois, de Tolkien et de ses arbres marcheurs comme on a voulu croire qu'il avait inventé la langue elfique alors qu'à l'évidence elle lui fut transmise. On s'est ri vendredi, dimanche pleurera-t-on ?
Car assurément, les arbres entament leur révolte : insensiblement, mois après mois, millimètre après millimètre, avec la patience séculaire d'êtres qui croissent continûment dans le temps même où se succèdent plusieurs générations et qui n'ignorent plus notre propension à ne vivre que dans la fugacité de l'impression éphémère. L'extension des rameaux est peu sensible au jour le jour ; elle menace pourtant d'étouffement les constructions humaines, et avec elles l'humanité.
Certains signes ne trompent pas...
À deux images près (une en moins, une en plus), ce sont les mêmes photos que dans cet article.