lundi 22 avril 2013

Le Prélude de Paris et le passage des ombres

Métro Châtelet, le 11 avril 2013. — On l'avait évoqué , mais ce n'est pas au Classique métropolitain — qui répond désormais, en fait, à l'appellation Prélude de Paris, que nous pensons; en tout cas pas comme l'objet principal de cet article. Cette fois-ci, c'est aux passants fugitifs que nous nous sommes intéressés. 




D'abord un ensemble à cordes qui a trouvé, dans une correspondance du métro Châtelet, un endroit approprié, offrant à ceux qui savent en profiter un moment musical et n'empêchant pas les autres d'avancer comme en rang vers leur correspondance.



Un ensemble à cordes, un ensemble classique donc, faisant cadeau comme dirait un jazzman des standards du genre : Mozart et ses divertimenti, Pachelbel et son canon, Vivaldi et ses quatre saisons (non, pas la pizza), Brahms et ses danses hongroises.



L'orchestre d'un côté, les spectateurs de l'autre et, au milieu, les voyageurs-voyageant-sans-s'arrêter. Parmi les spectateurs, des touristes mais pas que... même si des touristes n'ont pas manqué d'enregistrer les artistes... ou leurs prédécesseurs, comme dans cette vidéo d'une minute mise en ligne en 2007 (où les mânes de Brahms voudront bien pardonner la mauvaise qualité du son de cette danse hongroise n°5), mais prise rigoureusement au même endroit :



Mais revenons aux voyageurs, aux autres, ceux qui ont l'esprit bloqué sur la prochaine correspondance, la prochaine gare à atteindre, le RER ou le train de banlieue qui...



Ceux-là passent comme des ombres. Ils avancent sans entendre, sans rien voir d'autre que les panneaux de direction (ligne 1, ligne 4: tourner à gauche), parfois même sans n'y plus prêter attention tant leurs pas sont conduits par les automatismes auquel se réduit pour l'instant leur cerveau.



Leur mouvement est parfois si rapide pour l'objectif qu'ils ne sont plus qu'une ombre (ici 1/10 de seconde, avec une ouverture de 2,6 et une sensibilité ISO de 800).



Mais parfois, parmi ces ombres qui marchent, l'une ou l'autre ralentit s'interrogeant si, oui ou non, elle ira poser une pièce voire acheter un CD (mais si! mais si!). Il suffit de percevoir un accord au passage, de prêter une oreille au risque d'être saisi par la grâce de Mozart comme M. Le Trouhadec par la débauche. Car, qu'on l'appelle de son nouveau nom Prélude de Paris ou, par habitude, Classique Métropolitain, cet ensemble nous démontre que même les lugubres couloirs du métro Châtelet peuvent être un lieu d'éducation populaire... et musicale.