samedi 15 septembre 2012

En attendant le «24», quai de Montebello

28 août 2012. — Sorti du RER à Saint-Michel, j'attends l'autobus 24 sur le quai de Montebello sur le parapet duquel sont fixés les coffres des bouquinistes parisiens. (Les bouquinistes, à cette heure matinale, ne sont pas encore là et, d'ailleurs, ils vendent de moins en moins de bouquins et de plus en plus de gadgets pour touristes.) Le temps est frais, légèrement nuageux, mais Paris est toujours aussi beau.


Notre-Dame domine toujours la Cité.


Trois copains, sans doute trois touristes, déambulent tranquillement. (Ai-je seulement perçu l'idiome dans lequel ils s'exprimaient où sont-ils restés muets? Je ne m'en souviens pas: y ai-je prêté moi-même attention?) Les trois garçons n'ont pas prêté attention au photographe embusqué. Il en est de même pour la jeune femme qu'ils vont croiser sans que l'une et les autres échangent fût-ce un regard. Il y a toujours de la circulation et les piétons avancent au mieux en regardant le paysage, à supposer qu'une fréquentation régulière de l'endroit ne les en ai pas blasés.


La jeune femmes avance sur le quai quasi désert. Je suis le seul à attendre l'autobus. Elle est passée sans avoir l'air de penser à rien. Je ne pensais moi-même qu'au cadrage, à la concordance entre la vitesse de sa marche et l'avancée suffisante des voitures. (Ah si ! Je me suis fait cette réflexion que les passagers des bateaux-mouches, d'en bas, ne voyaient pas le bas des immeubles et leurs enseignes disparates et parfois criardes. D'en bas, me suis-je dit, c'est plus joli, et j'ai repensé à cette excursion parisienne datant d'une année.


Je me suis dit aussi que la présence des gens humanisait la ville. «Ma» passante est très loin, au fond. On ne la remarque pas plus que le couple qu'elle va croiser. Les voitures sont encore rares: c'est à la fois l'heure et le fait d'être en août. Ça ne durera pas, et bientôt les passants penseront moins à admirer le paysage qu'à essayer de respirer autre chose que la fumée des pots d'échappement.


Mais pour l'heure, laissons nous charmer par les lignes classiques des immeubles. Le plaisir du regard est un plaisir peu coûteux.
Pour autant qu'il me souvienne, l'autobus 24 n'a pas tardé, comme prévu. Quelques photos en quelques petites minutes d'attente, et de quoi conserver l'agréable vision matinale des quais parisiens — tant d'autres se sont évanouies avec l'instant même qui les avait permises!