lundi 15 août 2011

L'avenue Cézanne dans l'entre-deux

Donnant sur le boulevard Maurice-Ravel, dont nous avons récemment évoqué le jardin partagé, l'avenue Paul-Cézanne marque la limite entre le quartier Pasteur et celui des Sablons. Ce dernier fait l'objet d'un programme de réhabilitations que nous avions évoqué ici même il y a quelque deux années (Il y a HLM et HLM). Les travaux se poursuivent et, vus de l'avenue Paul Cézanne  qu'une gigantesque barre longeait entièrement ou presque il y a peu, donnent au quartier — surtout le dimanche matin — une allure de no man's land dont nous offrons au lecteur une visite en noir et blanc.

Le panneau de l'avenue semble lui-même distordu.



Commençons donc par le plan. La marque rouge (double cercle) devrait être placée de l'autre côté de la flèche qui marque le sens unique. C'est à cet endroit, tout au long de l'avenue, que s'étirait une barre HLM qui semblait enfermer le quartier. Une partie en a été démolie. Dans ce qui reste, une partie des appartements sont encore occupés. L'opération est nécessairement longue car le principe est de permettre au maximum le relogement de la population sur place, ce qui en fait un dispositif «à tiroirs», plus complexe que s'il s'agissait de chasser ailleurs les habitants du quartier en cherchant d'autres locataires pour des immeubles modernes. S'y ajoute la difficulté de reconstruire dans une zone qui reste marécageuse.


Derrière l'immeuble en partie démoli s'étend un espace arboré dont on ne devinait pas l'existence en passant en voiture dans le secteur.


Les arbres sont toujours là. Les herbes folles ont poussé. C'est un tag volumineux sur un mur qui témoigne d'une présence humaine actuelle ou passée. 


C'est dimanche, jour de marché, et le chemin est toujours emprunté qui longe un immeuble où cohabitent les appartements dont les antennes satellite attestent d'une occupation persistante et ceux qui ont été murés.


Parpaings au rez-de chaussée,
planches à l'étage.


On voit mieux ici l'opposition entre les deux parties d'immeuble. Les volets métalliques clos marquent la limite de l'emmurement.


Plus loin, un petit immeuble à deux étages, comme il y en avait dans le secteur, a été déserté. Les pierres récupérées de démolition précédentes y sont stockées, devant lesquelles, comme le montre la photographie suivante, un engin de chantier semble monter une garde menaçante.




Dans ce paysage de l'entre-deux (après ou en cours de démolition; avant-reconstruction), on a percé une voie goudronnée menant (pour l'instant) de nulle part vers l'angle que forment l'avenue Paul-Cézanne et le boulevard Maurice-Ravel. L'un des maîtres-mots du projet urbain est le désenclavement. Le photographe, pour sa part, s'ingénie à fixer un moment éphémère, en espérant comme citoyen que, dans la période de disette budgétaire que nous connaissons et qui risque d'être plus impitoyable encore, la politique de rénovation urbaine dont l'ANRU est actuellement un outil majeur demeure une priorité.