lundi 16 février 2009

En soirée, avenue Auguste-Perret

« Le soir tombait. Il tombait bien d'ailleurs, et juste à pic, car le rapide déclin du jour laissait à penser qu'il ne passerait pas la nuit. » Pierre DAC, Du côté d'ailleurs.


Dans le halo des lampadaires, les voitures sont sagement rangées. Nul autre passant que le photographe improvisé n'est visible. Une voiture attend au carrefour. : la position de l'éclairage sur le feu semble montrer qu'il est au rouge. Est-ce la nuit , cette nuit où tous les chats sont gris ? Mais l'angora qui affiche de jour les plus subtiles nuances de teinte ne se reconnaîtrait plus, réduit au noir et blanc. La vérité oblige à dire qu'il est plus tôt, même si le soir tombe vite.


Vue de l'avenue Auguste-Perret, le 10 févrirer à 18 h 35.

La photo a été retravaillée pour donner plus de lumière. La circulation a l'air réduite ; c'est une illusion. Le feu rouge bloque, et l'on distingue au loin les phares. L'enfilade de l'avenue Perret semble déserte.

C'est presque le même endroit, presque à la même heure à quelques minutes près : le temps de m'avancer plus près du feu. Pourtant on pourrait se croire beaucoup plus tard. La grande tour à l'angle du boulevard Maurice-Ravel semble écraser l'église Jean-XXIII, pourtant située en face, de l'autre côté du boulevard. Autant la première photographie pouvait donner l'illusion d'une échappée solitaire pour le véhicule qu'on y apercevait, autant on sent ici le poids des journées d'hiver et le désir de rentrer au plus vite.

La première photographie a bénéficié du flash et d'un ajustement de la luminosité ; la seconde, non.Même heure, même endroit (sans doute sans flash). Que faisais-je à cette heure-là ? Une simple pause photographique en revenant d'un déplacement dans le Poitou (où, pris par ce qu'il y avait à faire, j'avais négligé de sortir l'appareil photo de son étui). Gare Montparnasse (après un retard de TGV), ligne 13 jusqu'à Saint-Lazare pour éviter la longue correspondance du métro, lignes E puis D du RER — et le sentiment d'un instant à saisir...